Le printemps arrive. Cela fait quelques années que je n’avais pas pris ce rendez-vous. Mais cette année je surveille avec attention. Je compte bien être à l’heure, car la belle a une période de floraison courte. Cypripedium calceolus, ou sabot de Vénus, est certainement la plus belle orchidée de ce bout de montagne. Je connais un site, au pied d’un vallon dans le parc national des Ecrins, quelque part en Oisans. Blottis dans le sous bois ombragé, à l’écart d’un chemin, la belle pousse en toute discrétion.
Je m’approche et scrute la petite clairière pour voir si je suis à l’heure pour ce rendez-vous. Une, puis deux, puis trois, quatre tiges, puis tout un parterre de tiges éparses. Entre brin fertile et brin stérile, la mise en place est minutieuse.
J’avais en tête une idée bien précise de l’image que je souhaitais faire: une ambiance sombre et une valorisation de la forme de cette fleur magnifique dans un généreux bokeh! Je cherche la bonne focale, me place pour avoir en arrière plan la lumière du soir qui perce à travers le feuillage. Après plusieurs essais et une heure le nez au ras du sol, je découvre enfin l’image souhaitée sur l’écran de mon boitier.